Cela faisait un bail que l'approche d'une soirée Inrocks Indie Club ne m'avait pas tant excité. La "faute" à une affiche des plus prometteuses avec deux groupes dont les premiers albums furent parmi les plus excitants de ce début d'année, à savoir Lightspeed Champion et These New Puritans.
L'affiche fut plus tard complétée par Glasvegas et un traditionnel groupe CQFD, Koko Von Napoo.
Jack Barnet, tête pensante des These New Puritans
Pour These New Puritans, cela sera l'occasion de les voir à l'oeuvre dans des conditions "à leur mesure", après un Zenith bien trop grand pour eux en novembre et une Black Session qui n'a pas déclenché l'enthousiasme des masses. Bernard Lenoir himself, en complément de ses interventions radiophoniques pendant le concert ("personne ne bouge", "groupe qui manque de charisme", "pas la machine à danser annoncée",...), les gratifia "offline" de bande de poseurs médiocres.
Mouais.
En même temps, il devait s'être sacrément mal renseigné à leur propos s'il n'attendait d'eux qu'une machine à danser, et aurait peut être dû écouter leur album au moins une fois avant de les faire venir.
Devonte Hynes (Lightspeed Champion), l'ami des bêtes en plastique
Lightspeed Champion, remis sur pied après une bien vilaine maladie, n'était pas revenu en France depuis le dernier festival des Inrockuptibles en novembre dernier où sa prestation tardive fut éclipsée par le phénomène Foals qui le précéda sur la scène de la Boule Noire. Son album "Falling Of The Lavender Bridge" est depuis sorti chez nous, accompagné d'une presse unanime.
Pour les deux autres groupes, ça sera la découverte car une fois n'est pas coutume, j'assisterai à la totalité d'un Inrocks Indie Club, malgré un horaire toujours aussi contraignant.
La Maroquinerie est annoncée complète, les gens font la queue dès 19h15 pour pénétrer dans la salle : on ne va pas mourir de froid.
C'est pourtant une ambiance assez glaciale qui règnera dans la salle à l'arrivée des Koko Von Napoo. Devant un parterre assez fourni pour un premier groupe, leur pop à synthés est venue nous cueillir à froid. Cela devait être mignon, mais je n'avais pas de sucette sur moi. Comme en plus je buvais de la bière, ça ne pouvait pas coller.
Le concept de l'accordage de guitare, micros ouverts, en plein milieu du premier morceau est cependant une chose que je découvrais grace à eux, et je les en remercie. Commencer par un ratage total ne devant pas faire partie de leur plus gros fantasme... suivit alors un étalage de remarques à coté desquelles le sketch de valise cher à Luis Rego (l'inoubliable Bobo des Bronzés) passerait pour du Desproges :
"les gens sont gentils ici", "on a bien mangé", "on a gagné des tee shirts".
Wouhou, cela a déclenché alors une vague de... rien du tout. Pof, chou blanc.
Sur scène, les chansons se suivent et se ressemblent, dans la salle, l'ennui se propage et contamine. Je suis surpris d'avoir pu écrire autant de mots sur leur passage, qui sera sûrement chassé de ma mémoire sitôt un événement plus passionnant y pénétrant.
Merde, mon stylo est tombé.
...
Je parlais de quoi déjà?
Ah oui, Glasvegas.
Glasvegas, dont le chanteur a visiblement rencontré un mur de très près
On m'avait brièvement décrit la chose comme du "Jesus And Mary Chain" avec un chant mélodique. Connaissant le niveau de surdité de l'ingé son et la puissance sonore de la salle, je m'attendais donc à un énorme mur de son couplé à un chant triste d'un monsieur pas très heureux dans la vie.
Je ne fus pas "déçu": après une intro guillerette, le groupe envoie le bouzin. Sur le coup, les bouchons s'enfoncent dans les oreilles jusqu'à se rencontrer et mes cheveux changent de sens à chaque nouvel accord.
A peine 3 minutes pour me convaincre de partir de la salle à la recherche de boissons gratuites. Le temps de croiser un bout des These New Puritans dans le "sas" de sortie et l'autre partie au bar, de prendre possession des godets à l'odeur de pomme maltée et me voilà revenu pour la dernière chanson de Glasvegas, la sixième (oh les feignants).
L'écart entre le son "areu areu" du groupe précédent et celui "PAF dans ta gueule" de Glasvegas est amusant à constater. Imaginez vous zapper entre Candy et Ken le Survivant.
Objectivement, j'ai beau ne pas être fan du genre, Glasvegas maitrisait leur sujet. Gros son, bien chanté, les fans ravis (les autres assourdis).
Arrivent ensuite les These New Puritans, étrangement amputés de leur clavier, madame "la morte", bien que son matériel fût installé. Le chanteur toujours vêtu de son armure d'écailles métalliques, le bassiste avec un tee shirt des slliK, et le batteur - véritable métronome du groupe - arborant un sourire très Buster Keaton, sont alors prêts à dégainer leurs microchansons aux textes ésotériques.
Avec une setlist très proche de celle de la Black Session, la force de leurs chansons est cependant décuplée par rapport à l'enregistrement dans les studio bourgeois de la Maison de la Radio. Les garçons semblent beaucoup plus "impliqués", le son est plus adapté, le public plus réceptif. Même si une partie du groupe est absente, ils font du bruit comme cinq à eux trois. Non pas qu'il en manque deux, mais juste une. Mes quatre verres ingurgités depuis le début de la soirée, je suis branché sur du deux cent vingt tout en étant sur mon trente et un. Et il n'est même pas neuf heures. La soirée décolle enfin.
Numbers et ses paroles en mode repeat fait suite à Swords of Truth et son inquiétant sample d'introduction, donnant le départ d'un live parfaitement maitrisé. Riffs de guitare acérés (Numbers, C.16th), basse simpliste mais efficace (Elvis), samples "infra basse" (fff) et surtout cette batterie précise et puissante hachant menu le tout : remballez, c'est pesé. En à peine le temps qu'il faut pour choisir ses saucisses, les These New Puritans repartent dans leur monde.
On savait que ça serait court. On avait vu juste : à peine 40 minutes d'un show intense sans rappel (ni sourire). Une fois les lumières rallumées, c'est comme si l'on revenait épuisé d'un voyage entre Mars et l'Atlantide. On sait pas trop où cela se situait, mais on y était.
Place alors à Lightspeed Champion. Le temps d'installer un grand néon à son effigie et d'accorder douze fois sa guitare afin d'éviter la cacophonie inaugurale de Koko Van Napoo, Devonte Hynes arrive sur scène avec ses trois musiciens. Je crois qu'à cet instant précis où la température n'aurait pas déplu à Cerbère le chien des enfers, tout le monde eut la même pensée en voyant Lightspeed Champion vêtu d'un bonnet de fourrure à la mode trappeur canadien.
Problème capillaire à cacher?
Envie d'être identique à la pochette de la réédition toute fraîche de Galaxy Of The Lost ?
On s'en fout.
C'est par cette dernière que le set commença, sous les clameurs d'un public ravi. Et là, c'est la chute (parler de douche froide aurait été maladroit vu les litres de sueurs qui se déversaient sur le sol de la Maroquinerie). Bouillie sonore, interprétation grossière, batterie surpuissante. On est à des kilomètres de la légèreté et de la candeur de la version studio. Bon ok, vu la qualité des arrangements de celle-ci, je concède qu'il serait impossible de rendre cela en live avec uniquement trois musiciens.
Malheureusement, la suite ne s'améliorera pas, excepté le long final sur la version "non coupée" de Midnight Surprise, très réussie.
Pour partir sur ce qui fut la seule satisfaction de ce concert, je choisis de me passer du rappel. Trop peur de retomber sur un nouveau morceau gâché par une interprétation (volontaire car répétée) beaucoup plus "rock" que les versions albums, donnant un ensemble grossier, trop fort, trop rapide.
On frôle le mauvais goût par moment, entre le duo avec les Koko Van Napoo et son fameux refrain "Oh Baby tue moi", ou bien ces quelques solos sortis d'un morceau de Van Halen.
On peut reprocher à certains groupes un manque d'audace, de prise de risque, lors de leurs concerts (hey salut Julian, Albert va bien?). Mais en voulant donner une tournure plus pêchue et énergique à ses titres, ceux-ci perdent en finesse et en sensibilité. Les mélodies sont encore là, mais noyées dans un ensemble pataud.
Un peu comme si vous laissiez tremper un sushi au saumon pendant 5 minutes dans un lavabo rempli de sauce soja. Alors certes, le saumon sera encore là en train de flotter, mais fini les petits grains de riz tout collants à la légère pointe vinaigrée.
Le garçon reste quand même très attachant par son sourire, sa gentillesse, son humour et sa modestie. Par exemple, il ne se démonta pas lorsque quelqu'un lui demanda de jouer Your Biggest Mistake (de son ancien groupe, les Test Icicles), mais pris la chose avec humour en proposant à la personne de venir la jouer sur scène avec lui, car il avait oublié la "difficile" partie de guitare (composées de notes aigues jouées très fortes).
Au final, cela fait 3-1 pour l'ennui face au plaisir. Cependant, je garde un gout de victoire en bouche après cette soirée. Grace exclusivement à la prestation de haute volée des These New Puritans, confirmant avec fracas et brio tout le bien que je pensais d'eux après leur épatant premier album.
Extraits videos de These new Puritans:
http://www.dailymotion.com/video/x5gue5_these-new-puritans-swords-of-truth_music
envoyé par Fa_Sol
http://www.dailymotion.com/video/x5guru_these-new-puritans-numbers-live-par_music
envoyé par Fa_Sol
http://www.dailymotion.com/video/x5guvz_these-new-puritans-elvis-live-paris_music
envoyé par Fa_Sol
http://www.dailymotion.com/video/x5gxi3_these-new-puritans-fff-live-paris_music
envoyé par Fa_Sol
http://www.dailymotion.com/video/x5gyh3_these-new-puritans-infinity-live-pa_music
envoyé par Fa_Sol
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