L'HYper PRésent Appliqué à la Musique (et autres trucs...)

8.4.08

Jim Noir

J'étais déjà revenu brièvement sur le premier album de Jim Noir lors de son passage à la maroquinerie dans le cadre du festival Minimum. Deux posts à son sujet pour un blog ayant poussé son premier "areuh areuh" il y a tout juste quelques semaines, c'est dire l'estime que je porte à ce grand bonhomme.


Né sous le nom de Alan Roberts - difficile de faire plus anglais comme nom après Paul Smith - il choisit alors ce nom de scène, légèrement francisé, en hommage au comédien humoriste britannique Vic Reeves,... dont le vrai nom est Jim Machin Moir. Après quelques recherches, Machin = Roderick. Là, je fais genre je connais Vic Reeves, mais non pas du tout. Les gens britanniques drôles pour moi se résument aux Monthy Pythons à Hugh Grant quand il essaie de changer de registre et à David James (également gardien de but à ses heures).


Un choix de pseudonyme en dit long sur l'ambivalence du bonhomme. En effet, à ce nom de scène genre "ORTF" / "Famille Adams" vient s'opposer sa musique joyeuse et entrainante.
A sa manière, Jack White, avec ses White Stripes ou ses Raconteurs, revisite des standards musicaux ancrés dans la culture de son pays (blues, country) en y rajoutant sa sauce rock. Jim Noir lui, préfère le psychédélisme, les années 70 et le LSD. Il est d'ailleurs souvent comparé à Brian Wilson et à ses Beach boys.








Sa musique est ainsi un condensé de ces influences colorées, auxquels il donne
du mouvement. En fait, c'est un peu comme s'il prenait plein de morceaux de tapisseries aux motifs colorés des années 70-80, et qu'il les mélangeait/animait à la manière d'un kaléidoscope géant.
A lire comme ça, ça parait naze, pourtant, à écouter : ça hypnotise.


Les publicitaires d'Adidas et Conforama ne se sont pas trompés en allant piocher dans son premier album "Tower of Love" deux des meilleurs titres pour illustrer des spots publicitaires : Eanie Meany et My Patch de parfaits exemples de l'effet que produit la musique de Jim Noir : elle vous colle aux synapses tout en douceur.

Des mélodies simples, mais excessivement efficaces, des arrangements riches, mais pourtant issus d'un seul cerveau, un canevas de voix envoutant toujours bien senti...
Sans rien inventer, Jim Noir crée SA musique, possède SON propre son.


Il travaille aussi son image à travers des photos publiées toujours classes, réfléchies. Son chapeau melon semble tout droit sorti d'une célèbre série de la fin des années 70.









Cette image inhabituelle pour un jeune homme de 24-25 ans, tranche avec sa vraie personnalité,... du moins celle qui transpire de ses interview ou de sa présence lors de ses (trop rares) concerts.

Lorsque à la Maroquinerie, on vit débarquer ce grand dadet trébuchant sur les câbles de sa guitare, un bonnet d'une laideur à faire fuir Valerie Damidot, vissé sur la tête, s'excusant à la moindre occasion, il fallait se pincer, ou relire 6 fois l'affiche de la soirée pour se persuader que, oui, Jim Noir, c'est lui.






Alan Roberts, 25 ans, Davyhulme (banlieue populaire de Manchester).



Un jeune homme touchant, tombé dans une époque qui n'est pas la sienne. Une époque où le succès qu'il mérite ne viendra peut-être jamais : le grand public ne retenant que la marque mise en valeur par la publicité, mais pas l'artiste qui se cache derrière la mélodie qui en fait toute sa valeur.



Une époque où Jim n'est qu'une image de ce que Alan aurait aimé être ?

Peut-être...Peut être également que Jim Noir n'aurait su/pu être l'identité remarquable qu'il est actuellement, dans une époque passée où finalement il n'aurait été qu'un parmi d'autres...

Peut-être aime t-il simplement jouer avec cette dualité, qui donne matière à parler à des journalistes ou à des bloggeurs anonymes comme moi.


Le personnage à l'air sombre mais chantant de manière légère "If you don't give my football back, I'm going to get my Dad on you", tout en jonglant avec un ballon de foot ne manque pas de charme, interpelle...









Deux années après nous avoir enchantés à travers son 1er album, "Tower of Love", compilation de ses trois maxis "Quiet Man", "My Patch" et "Eanie Meany" agrémenté de deux inédits, dont l'incroyable In the Key of C, le voilà de retour.


Cette fois-ci, pas de nom à l'album, ou plutôt si : le sien. Illustré d'une pochette une nouvelle fois avec un graphisme simple et joli, celui-ci regorge de jolis moments.
Une ouverture en forme de "hé salut les amis, vous m'avez manqué vous aussi" avec Welcome Commander Jameson et All rightJim s'amuse avec son nouveau jouet : le vocoder. Il nous rassure : il va bien.









Place a un enchainement génial : un régal pour les oreilles que le What U Gonna Do au groove imparable, Don't You Worry et son intro basse-guitare d'une efficacité aussi redoutable que sa simplicité, Ships and clouds et son synthé vaporeux nous fait naviguer dans des eaux plus mélancoliques dont Happy Day Today et son intro en mode générique d'une émission des années 70 vient nous tirer, nous sécher, et nous amener à courir nu sur le sable mouillé :



OHHH HAAAAAPPY DAAAAYYYYYY




Je pourrais encore parler de la joyeuse Same Place Holiday, de la vocodée Day by Day by Day toute en bilip bilip, ... Contrairement à "Tower of Love" où l'on suspectait un peu de remplissage (Eanie Meany version instrumentale, la pénible Tower of Love qui nous transporte dans un nième épisode d'Emmanuelle, sans que l'on en aie réellement envie), ici rien n'est à jeter.
Peut-être moins de tubes immédiats comme l'étaient My Patch ou Eanie Meany cependant.
Certains de ses titres me font penser à mon cher, mais disparu, Beta Band...d'autres me font penser tout court.

Reste à espérer le voir assez vite pour un concert, où même si une grande partie de la magie des trouvailles de Jim Noir disparait, la simplicité et la candeur de Alan Roberts fait mouche.



"Jim Noir" (2008)





1. Welcome Commander Jameson
2. All Right
3. What U Gonna Do?
4. Don't You Worry
5. Ships and Clouds
6. Happy Day Today
7. Day By Day By Day
8. Good Old Vinyl
9. Same Place Holiday
10. Look Around You
11. Welcome Commander Jameson
12. On A Different Shelf
13. Forever Endeavour

Tower of Love (2006)











1. My Patch
2. I Me You I’m Your
3. Computer Song
4. How To Be So Real
5. Eanie Meany
6. Tower Of Love
7. The Key Of C
8. Turbulent Weather
9. Turn Your Frown Into A Smile
10. A Quiet Man
11. Eanie Meany 2
12. The Only Way

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